Le jour où j’ai renoué avec mon psy

Je savais qu’il me plaisait. Jusqu’à ce matin, je n’aurais pas pu définir précisément les raisons de mon… comment peut-on qualifier ça sans tomber dans le déontologiquement incorrect ? Mon attachement ? Mon admiration ? Mon feeling ? Enfin, bref, vous avez compris l’idée.

Donc, ce matin, j’ai renoué avec mon psy. Non pas que j’eus mis un terme définitif à l’époque à notre… relation ? Collaboration ? Nos échanges ? Rhaaa… c’est difficile de parler de ce qui nous « lie » à un psy sans tomber dans les clichés de transfert, je trouve.

Donc, je disais, ce matin, j’ai renoué avec mon psy, que je n’avais pas vu (eu au téléphone, présentement) depuis 13 ans, et s’il le fallait, il m’a rappelé assez rapidement les raisons pour lesquelles j’avais frappé à sa porte, et surtout, qui ont fait que j’étais restée pour des séances ultérieures.

Il a de la bouteille, il est cash, vous écoute sans en avoir l’air et vous dit les plus belles paroles que vous mourez d’envie d’entendre sans même le savoir. Lorsque j’ai raccroché (confinement oblige, il consulte par téléphone jusqu’à mai prochain a minima), j’avais les yeux rouges, le nez qui coule et le visage chiffonné, mais aussi le cœur plus léger et une posture plus droite.

J’ai voulu annulé la séance jusqu’au dernier moment avec, au choix, une excuse d’aphonie ou d’enfant malade. Jusqu’au tout dernier moment. Mais j’ai tenu bon. J’ai lutté contre moi-même, contre cette envie de faire comme si tout allait bien et de passer à autre chose. Lorsqu’il a appelé ce matin, j’ai décroché, même si je n’avais aucune idée de par où j’allais commencer.

Il n’avait pas eu le temps de repasser à son cabinet, et croyait que l’on s’était vu pour la dernière fois il y a 5 ans. Quand je lui ai rappelé que ça faisait 13 ans et qu’il s’était passé une tonne (j’ai bien dit une tonne) de choses depuis, il m’a demandé par avance de lui pardonner certains oublis et de devoir reprendre certains points.

Je ne me souviens plus par quoi j’ai démarré, mais je me rappelle très bien de la sensation en fin de séance, près d’1h15 plus tard : un bordel sans nom. C’est d’ailleurs comme ça qu’il a décrit la masse de ce que je lui ai confiée, et j’ai aimé qu’il la qualifie ainsi. Ca donne plus de matière à mon propre ressenti sur le sujet.

Lorsqu’il m’a demandé ce qui m’inquiétait, aujourd’hui, ce qui me semblait poser problème dans ma vie, j’ai eu du mal à lui répondre. La première idée, que j’ai verbalisée, a été ma santé. Ensuite, la relation de mes enfants avec leur père, dont je suis séparée depuis… 13 ans (oui, ceci explique littéralement cela). Pour finir, une notion flottait dans mon esprit, sans que j’arrive à mettre de mots dessus. J’ai décidé d’appeler ça « la peur de l’abandon », en parlant de mes enfants qui grandissent, mais aussi des casseroles que je traîne avec mon mari, et bien sûr de ce sentiment d’insécurité qui ne me lâche pas d’une semelle.

D’ailleurs, j’ai vécu une drôle de semaine, de mercredi dernier à lundi, environ. Une semaine durant laquelle je n’arrivais pas à me sentir solide, stable. Ce profond sentiment d’insécurité, qui m’a fait me sentir fatiguée H24 et emplie d’une gigantesque lassitude, m’amenant à céder aux sirènes des compulsions sans pour autant cesser d’analyser ces moments de craquages. Car ce gain-là, je ne compte pas l’ignorer de sitôt.

Je me suis donc observée, encore une fois, et j’ai pu comprendre que je pouvais tenter de me raisonner aussi longtemps et aussi fort que je le voulais, rien ne résisterait à cette petite voix qui réclamait son dû. Une petite voix très forte, qui venait de très loin, installée profondément au creux de mon cerveau (et de mon estomac, elle est très forte), comme pour crier son besoin de nourriture réconfort. Des aliments qui me font du bien, exclusivement, qui dorlotent mes papilles et qui peuvent prendre la forme d’une simple tomate à la croque au sel avec un filet d’huile d’olive italienne fourrée dans un morceau de pain, comme d’une part de gâteau au chocolat avec du caramel au beurre salée dessus.

Et des journées comme aujourd’hui, où je parviens à respecter mes points et à ne manger que parce que « j’ai faim », ça me semble fou de ne pas réussir à le faire tous les jours. Insensé, même. Alors je le lui ai dit. Je lui ai expliqué que je m’étais sentie comme une alcoolique avec son verre de vin ou sa bouteille de bière, comme une droguée avec son shoot, il me fallait un aliment réconfortant, parce que sinon, j’aurais subi cette torture mentale jusqu’à devenir folle. Ce harcèlement que je ne contrôle pas et qui joue avec mes nerfs, ne s’arrêtant que lorsque je me soumets, que lorsque je subis.

Car on a aussi fait ce parallèle, après avoir brossé les grandes lignes de ma vie et de mes relations familiales et conjugales. Une ambivalence dont j’ai pris conscience grâce à l’éclairage de mon psy et que je suis heureuse d’avoir identifié aujourd’hui, même s’il augure d’un travail titanesque à faire sur moi. Je suis dans le contrôle constant, je gère et porte une charge mentale en parallèle d’une passivité qui m’a été imposée depuis ma naissance, celle de subir et de me soumettre au bon vouloir de celui qui est censé prendre soin de moi (mes parents) ou à tout le moins dont je ne dois pas prendre les travers à mon compte (personnes mises en contact avec moi lorsque j’étais enfant, partenaires de vie, amis…)

Cette relation à la nourriture s’inscrit totalement dans cette dualité excessivement difficile à démêler et à surmonter.

De cet entretien, je retiens que :

  • Ma vie est un foutoir monstre depuis ma naissance
  • Ma mère est timbrée
  • Il n’y a aucune nécessité de reprendre le contact avec elle si je n’en ai pas l’élan, même si c’est pour obtenir un éclairage sur l’épisode hypothétique d’abus dont je me souviens
  • Cet épisode est (peut-être) un épiphénomène
  • Le père des enfants fait ses propres choix, sur lesquels aucune de mes pensées n’a de prise
  • J’ai fait le maximum pour maintenir un lien qu’ils ne souhaitent ni les uns ni l’autre poursuivre pour le moment, j’ai fait ce qu’il fallait faire, je décide de passer à autre chose
  • Je dois considérer le père des enfants comme un effet météorologique sur lequel je n’ai aucun pouvoir
  • Le fait qu’il y ait conflit ne veut pas dire qu’il n’y a plus d’attachement
  • Les émotions des autres ne m’appartiennent pas
  • Mes pensées conscientes n’influent pas sur mon état de santé
  • Ma ménopause précoce résulte très certainement des épreuves par lesquelles je suis passées

La suite au prochain épisode…

Un commentaire sur « Le jour où j’ai renoué avec mon psy »

  1. Coucou. Ici Mevla_ de Connect. Je suis passée par ici pour voir s’il y avait de tes nouvelles. Je suis très contente d’en trouver. Eh bien, ce rendez-vous à été très intense. Félicitations d’avoir affronté ce rendez-vous et d’oser poser par écrit tout ce qui t’empêche d’avancer. Je ne peux que continuer à t’encourager à poursuivre ainsi. J’espère que tout ça t’aidera à trouver plus de sérénité. Et ne sois pas trop impatiente de voir ton poids baisser, laisse-toi le temps de ranger une partie de ton foutoir. En tout cas chaque fois que je te lis / écoute, je suis un peu plus admirative de qui tu es. Et même si on ne se connaît pas et qu’on échange depuis peu, je suis touchée par tes propos. Je souhaite sincèrement que tu puisses trouver plus de sérénité. Continue ainsi !

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